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Votre appareil photo ne sait pas mesurer la lumière.

La mesure de lumière avec la cellule intégrée

J'entends déjà votre réaction : "Comment ça ? Mon appareil photo ne sait pas mesurer la lumière ? Je m’en sers tout le temps en mode automatique ou semi-automatique et il y arrive très bien." Je vous répondrai "Oui mais c’est approximatif."

Ce titre un peu provocateur introduit quelques explications sur la mesure de la lumière telle qu’elle est faite par les appareil photo.

Les modes d'exposition automatique et semi-automatique exigent inévitablement une mesure de la lumière, afin de déterminer les réglages à positionner sur l'appareil : ouverture, temps de pose, ou sensibilité. Les appareils sont donc équipés d'une cellule, ce qui dispense le photographe d'utiliser un posemètre manuel. Cette page explique pourquoi cette mesure de lumière faite par l'appareil est obligatoirement imprécise. Nous proposons également quelques tests pratiques que vous pouvez réaliser chez vous pour vérifier nos affirmations.

Tout d’abord une petite expérience.

  1. Réglez votre appareil en mode automatique ou semi-automatique (priorité vitesse ou priorité ouverture, cela n’a pas d’importance).
  2. Disposez une feuille de papier bien blanc à la lumière et photographiez la en cadrant de façon à ce que la feuille occupe toute la place dans le viseur. Faites en sorte que la lumière soit la plus homogène possible sur toute la surface de la feuille.
  3. Renouvelez l’opération avec une feuille de papier ou de carton noir.

Voici les deux photos que vous allez obtenir en faisant cette expérience. Décevant non ? On aurait voulu que le noir apparaisse noir sur l’image et que le blanc soit blanc. Or les deux photos semblent grises et dans des tons tout à fait comparables. C’est difficile à croire mais faites l’essai et vous obtiendrez la même chose.

Feuille de papier blanc
Une feuille de papier blanc
Feuille de papier Canson noir
Une feuille de papier Canson noir, mat et sans reflets

L’explication.

Pour comprendre le pourquoi de ce résultat surprenant, il faut savoir comment fonctionnent les modes automatique ou semi-automatique des appareils photos. Avant de faire la photo, l’appareil mesure la lumière qui entre dans l’objectif, c’est à dire la lumière réfléchie par le sujet. L’électronique calcule ensuite la valeur moyenne de tout ou partie des pixels de l’image et, enfin, les paramètres de prise de vue (temps de pose, ouverture et éventuellement sensibilité) sont ajustés pour que l’exposition soit conforme à cette moyenne. L'automatisme fait en sorte que la luminosité moyenne se positionne au milieu de l'histogramme.

Remarque : les appareils proposent un mode de mesure appelé "spot" qui, au lieu de calculer la lumière à partir de tous les pixels de l'image, ne considère que quelques pixels autour du collimateur choisi pour la mise au point. Dans notre expérience, cela ne changera presque rien puisque les deux images sont uniformes.

Dans le cas de le feuille de papier blanche, les pixels sont lumineux ; l’appareil a donc fermé le diaphragme (ou réduire le temps de pose) pour amener cette valeur au milieu de l’échelle.

Dans le deuxième cas (papier Canson noir), les pixels sont pratiquement tous identiques et peu lumineux. L’automatisme à ouvert le diaphragme pour amener cette “sombritude” au milieu de l’échelle.

Nous obtenons donc deux photos quasiment identiques. L'automatisme ayant compensé la différence de luminosité de nos deux sujets.

Les EXIF montrent comment l’automatisme a réagi. Nous étions en priorité vitesse, le réglage s'est donc porté sur l'ouverture :
Feuille A4 blanche : 400ISO - 1/60 - F/7,1
Papier Canson noir : 400ISO - 1/60 - F/1,6

Et les histogrammes montrent que l’automatisme a bien réussi ce pour quoi il est fait : amener la luminosité moyenne des pixels au milieu de l’échelle.

Histogramme d'une feuille blanche
Histogramme d'une feuille blanche
Histogramme d'une feuille noire
Histogramme d'une feuille noire

 

Et tout ce qu'on pourra photographier qui sera à peu près uni donnera une photo grise.

Feuille de carton gris
Une feuille de carton gris
Feuille de papier à carreaux
Une feuille de papier scolaire à carreaux


Voici enfin une photo ou la feuille de papier blanc à carreaux et le Canson noir ont été mis côte à côte. La restitution du blanc et du noir est correcte car la luminosité moyenne (le gris) a été positionné au milieu de l'histogramme, en rejetant le blanc et la noir aux extrémités de celui-ci.

Papier blanc et Canson noir

Conclusion.

Je vous accorde que les sujets choisis sont un peu extrêmes : photographier des feuilles blanches ou des cartons noirs présente un intérêt très limité. Néanmoins, cet effet sera sensible dans des cas réalistes comme un portrait devant un mur blanc, un skieur sur la neige, ou même un baigneur (l’eau sans être blanche est très lumineuse), etc.

Que faire alors ?

Il faut tout d'abord relativiser le problème : dans la plupart des cas, cette méthode pour mesurer la lumière donne de bons résultats. Il n'y a que dans les cas un peu extrêmes que nous avons cités (neige, importante surface claire, etc.) quel le photographe doit reprendre la main sur le réglage de l'exposition, le système automatique risquant d'être mis en défaut.

Il y a cependant un autre cas de figure qui nécessite une exposition manuelle : lorsqu'une série de photos doit être faite avec des sujets différents, mais qu'il est souhaitable de conserver une luminosité identique entre toutes les images. Par exemple pour réaliser une série de portraits devant le même décor, les personnes étant habillées en clair ou en foncé. Lorsque ces photos seront mises côte à côte, dans un album par exemple, il faut vraiment que le décor soit exposé toujours de la même façon.

Voici quelques solutions pour résoudre le problème :

  • Utiliser un posemètre et effectuer une mesure de lumière incidente, qui ne sera donc pas altérée par la couleur du sujet.
  • Compenser mentalement pour annuler la dominante de l’environnement.
  • Utiliser une mesure de lumière de type spot. C’est à dire demander à l’appareil de ne pas prendre en compte toute l’image mais seulement une petite zone, en général autour du collimateur. Mais attention à l’endroit où va se situer cette mesure. S'il s'agit d'une personne habillée en noir ou en blanc il ne faudra pas viser les habits mais plutôt le visage pour faire la mesure de lumière.

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