Tutoriel - Utiliser un flash déporté.

On appelle flash déporté (ou flash distant) un flash qui n'est pas monté sur l'appareil photo. Il peut être posé par terre, installé sur un pied, tenu à bout de bras par le photographe ou tenu par un assistant. Ce tutoriel est valable aussi bien pour un flash cobra que pour un flash de studio.
Mais pourquoi se compliquer la vie alors que le flash monté sur l'appareil est si simple à utiliser ? Et bien tout simplement parce que le flash déporté offre de nombreuses possibilités supplémentaires :
- Éviter "naturellement" les yeux rouges en décalant le flash de l'axe de l'appareil.
- Augmenter le relief de l'image en éloignant le flash de l'axe appareil-sujet.
- Conserver une lumière constante en direction et en intensité même si le photographe se déplace.
- Explorer de nouvelles possibilités de créativité en choisissant librement l'emplacement du flash sans être contraint de l'avoir dans l'axe de l'appareil photo.
- Utiliser plusieurs flashs.
Comment déclencher le flash déporté ?
Puisque le flash n'est plus connecté à l'appareil photo il faut utiliser un accessoire pour le déclencher. Il peut s'agir d'un cordon reliant l'appareil photo au flash, mais on préférera sans doute un système radio ou infrarouge.
Déclencher avec le flash intégré de l'appareil.

Tous les flashs peuvent être paramétrés pour se déclencher lorsqu'ils "voient" un éclair (c'est le mode esclave). On peut donc utiliser l'éclair du flash intégré pour déclencher un flash distant.
Bien penser à désactiver sur l'appareil photo la fonction (1) et la fonction de suppression des yeux rouges (2).
Cette solution présente néanmoins plusieurs inconvénients :
- Même s'il est réglé au minimum le flash intégré produira une lumière qui n'est pas forcément souhaitée sur la photo.
- Cela marche mal en plein jour car la lumière ambiante est trop forte.
(1) Les appareils les plus sophistiqués intègrent la lumière ajoutée par les flashs dans le calcul de l'exposition.
Cet automatisme, souvent dénommé , consiste à émettre un premier éclair avant de faire la photo (obturateur fermé) pour mesurer
la lumière flash inclus, et un deuxième éclair pour faire réellement la photo.
Si le flash distant n'est pas compatible ou pas paramétré correctement, il se déclenchera sur le premier éclair et n'aura pas le temps
de se recharger pour le deuxième.
(2) La suppression des yeux rouges consiste également à émettre un éclair avant la photo pour fermer les iris de la personne photographiée. Ce pré-éclair risque lui aussi de déclencher prématurément le flash distant. La fonction de suppression des yeux rouges peut être désactivée sans risque puisque le flash décalé de l'axe ne produit pas ces horribles yeux de lapin.
Le cordon.

Cela consiste à relier le boîtier au flash distant par un fil. Ça marche mais ce n'est vraiment pas pratique.
On peut cependant utiliser cette technique lorsque le photographe doit être très mobile : le flash est alors tenu à la main, et le cordon est moins gênant.
Le transmetteur infrarouge.

Tous les flashs sont sensibles à l'infrarouge.
Un petit boîtier, à fixer sur l'appareil photo, émet un éclair infrarouge dont la lumière sera invisible sur
la photo mais qui sera suffisant pour déclencher le flash distant.
C'est une bonne solution en studio mais peu efficace en extérieur parce que la lumière ambiante est souvent
trop forte, et l'éclair infrarouge passe inaperçu.
De plus, il ne doit pas y avoir d'obstacle entre l'appareil photo et le flash distant.
Enfin, troisième inconvénient, il n'y a pas de possibilité de plusieurs canaux, ce qui sera problématique si
plusieurs photographes travaillent en même temps à proximité.
Le transmetteur radio.

C'est la solution la plus efficace et la plus fiable :
- La lumière ambiante ne gêne pas le fonctionnement.
- Émetteur et récepteur ne sont pas forcément en vue l'un de l'autre. On peut déclencher un flash dans la pièce d'à coté.
- On peut sélectionner le canal, ce qui permet à plusieurs photographes de travailler à proximité sans déclencher les flashs des autres.
Comment régler l'exposition ?
Les systèmes les plus performants permettent de travailler en mode automatique pour l'exposition mais cela suppose une compatibilité complète entre le boîtier, le transmetteur et le flash. Ce qui n'est pas gagné. Heureusement, on peut toujours régler son exposition manuellement. Voici comment raisonner sachant que l'exposition dépend de trois paramètres :
- La sensibilité du capteur ou de la pellicule (les ISO).
- La vitesse, ou temps de pose. Il faut juste veiller à rester en dessous de la vitesse de synchro flash qui, suivant les boîtiers, peut être de l'ordre du 125ème ou 250ème de seconde.
- L'ouverture du diaphragme.
Cas de la photographie en studio.
En studio la lumière ambiante peut être considérée comme négligeable : la photo ne sera faite que avec la lumière des flashs.
- La sensibilité.
En studio on manque rarement de lumière, on choisira donc la sensibilité minimale (100 ISO ou même 50 ISO sur certains boîtiers) afin d'avoir le rendu le plus doux possible. - Le temps de pose (vitesse).
Le temps de pose n'a aucune importance si la lumière ambiante est faible, car l'éclair du flash est vraiment rapide et sera de toute façon plus court que le temps de pose. Donc que vous preniez au centième de seconde ou au soixantième, de tout façon la photo se fera pendant le millième de seconde de l'éclair (même moins). Il faut seulement veiller à rester en dessous de la vitesse de synchro flash. Disons qu'on se placera habituellement autour de 125ème de seconde. - L'ouverture.
C'est finalement le seul paramètre sur lequel nous allons pouvoir jouer pour ajuster l'exposition. Il faut aussi garder à l'esprit qu'on peut augmenter ou diminuer la puissance du flash ou ajuster sa distance par rapport au sujet.
Cas de la photographie en extérieur et en plein jour.
Pourquoi vouloir utiliser un flash en plein jour ? La raison la plus courante est de déboucher les ombres trop marquées. Mais cela permet aussi d'obtenir un éclairage plus sophistiqué, comme dans l'exemple de la photo ci-dessous, prise vers 16h alors que le rendu fait plutôt penser à une ambiance de fin de journée
Ici la lumière ambiante ne peut plus être négligée. Le truc consiste à comprendre que le temps de pose va jouer uniquement sur la lumière ambiante, donc l'exposition du décor, tandis que l'ouverture va jouer aussi bien sur la lumière du flash que sur la lumière ambiante.
Voici une méthode pour ne pas trop tâtonner pour les réglages. Elle est utilisable lorsque le sujet est au premier plan, comme par exemple dans le cas d'un portrait.
- Se placer en mode "Priorité vitesse" et régler le temps de pose au 125ème de seconde.
- Régler le diaphragme à la valeur souhaitée en fonction de la profondeur de champ désirée.
- Ajuster la sensibilité pour une exposition correcte (l'exposition est affichée dans les viseurs des appareils).
- Passer en mode "Exposition manuelle" et réduire la sensibilité. Une division par 2 ou par 4 de la sensibilité est un bon point de départ (réduction de 1 ou 2 diaph). Vous aurez probablement à effectuer quelques essais pour obtenir le rendu voulu. Si vous ne pouvez pas baisser suffisamment la sensibilité, vous pouvez compléter en fermant un peu le diaphragme.
- Régler la puissance du flash pour obtenir une exposition correcte du sujet. Vive le numérique qui permet de multiplier les essais.
Remarque : cette méthode n'est pas utilisable avec un boîtier argentique puisque la sensibilité est celle de la pellicule et ne peut pas être ajustée. Dans ce cas, vous ne pourrez jouer que sur l'ouverture du diaphragme pour sous-exposer la scène.
Voici le rendu que l'on peut obtenir avec un flash déporté placé ici sur la gauche de l'image.
L'ambiance crépusculaire est due à la sous-exposition du décor de 2 diaph.
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